citoyenneté en mouvement questionner la radicalisation groupe 5 la problématique de la radicalisation via les nouveaux médias anim

Citoyenneté en mouvement
QUESTIONNER LA RADICALISATION
Groupe 5
La problématique de la radicalisation via les nouveaux médias
Animateur : R. Ramirez
Synthèse : M. Blairon
Aujourd’hui, la surinformation et l’omniprésence des écrans nous
amènent à aborder les médias non pas comme une suite d’informations de
sources différentes clairement identifiables et analysables, mais
plutôt comme un « bain » médiatique, dans lequel les flux
d’informations sont continus. Au sein de ces flux se trouvent des
contenus parfois problématiques qui tentent d’inciter les jeunes
spectateurs à se radicaliser, avec comme finalité le jihad et le
départ en Syrie.
1. Analyse de « 19 HH »
Parmi ces contenus figurent les documents « 19 HH » (en référence
probable aux 19 terroristes qui ont participé à la destruction des
deux tours le 11 Septembre, symbolisées ici par le double H). Ce film,
divisé en plusieurs parties, est en soi un outil de radicalisation. Il
commence par énoncer des faits partagés par plusieurs courants
(modérés ou non) de l’Islam pour ensuite virer insensiblement dans
l’exhortation à la radicalisation. Techniquement parlant, ce film
utilise plusieurs procédés pour donner du poids à son message :
scansion et ton exalté (à la fois monocorde et dynamique) et
utilisation de l’écho afin de répéter le message (effet de stylistique
et de conditionnement : un message répété étant plus facilement
retenu). Ainsi, on retrouve dans la déclamation un mélange de prêche
(c’est à dire de monologue affirmatif catégorique) et de slam
(scansion, effet d’échos).
S’ajoute à cela une récurrence de sons graves et de chœurs, afin
d’augmenter la dimension surnaturelle et immersive de la vidéo (les
sons graves entent en résonnance avec la cage thoracique et le ventre
du spectateur).
Le langage employé est assez imagé, voire poétique, avec l’utilisation
d’allégories et d’images (« les personnes qui s’engagent dans la voie
du jihad sont pareilles à l’écume de la mer »).
A noter que l’utilisation répétée des mêmes images, associées à des
visuels tout aussi répétés ne demandent pas d’effort d’imagination. Il
existe un rapport assez plat (quoique visuellement travaillé) entre ce
qui est dit et ce qui est montré. Ainsi, à chaque fois que l’écume de
la mer sera mentionnée, l’image de cette même écume apparaîtra à
l’écran.
2. Documentaires et objectivité
Un débat est né au sein du groupe quant à savoir si l’appellation de «
documentaire » pouvait s’appliquer à cette vidéo. Cette dernière
utilise nombre d’effets spéciaux, et tente d’encourager une prise de
position non neutre, ce qui tendrait à la placer en tant que film de
propagande. Néanmoins, définir le genre documentaire comme « objectif
» ou « vrai en soi » pose également des problèmes. Le cinéma de
Michael Moore, par exemple, utilise la forme du documentaire (et est
reconnu comme tel) tout en ne se posant pas comme objectif. La
caractéristique principale du documentaire réside en sa visée
pédagogique/informative. En ce sens, le document 19 HH a un aspect
documentaire, sa visée étant de transmettre des informations, même si
celui-ci n’éclipse nullement la dimension propagandiste ni le manque
d’objectivité.
3. Spot de prévention et totalitarisme
Par la suite, notre groupe a analysé un deuxième document vidéo. Le
spot « Tu découvriras l’enfer sur terre » réalisé à la demande de la
république française, peut être analysé comme clip de «
contre-propagande » tant il réutilise les codes imagés du précédent
document. Dès lors, il semble plus infantilisant, même si sa
rhétorique est paradoxalement plus construite (présence d’un double
discours : la rhétorique des radicaux face à l’effroi du réel) et le
destine plutôt aux parents qu’aux plus jeunes. La présence en fin de
clip du logo de la république française sonne également comme une
fausse note, la présence d’une autorité reconnue pouvant être
contre-productive face au public jeune, qui adopte parfois une
attitude de défiance face aux institutions.
Dans les deux documents (19 HH et le spot de prévention) figure une
vision de la communication qui est en soi assez totalitaire, en ce
sens qu’elle prétend cadrer le regard et la pensée du spectateur. Il
est vrai qu’en comparaison au théâtre (où le regard du spectateur est
relativement libre), le cinéma impose au spectateur la vision du
réalisateur (le cadrage dit ce qu’il faut regarder, et comment). Dans
cette optique, le cinéma très construit (découpage, technicisation
poussée sonore et visuelle, esthétisation très forte) est plus
totalitaire qu’un cinéma qui utilise moins de « procédés artificiels »
de construction, comme par exemple le cinéma des frères Dardenne.
4. Message montré et message construit
Dans cette veine de cinéma belge, notre groupe a visionné une capsule
vidéo intitulée « Quand la Syrie parle aux jeunes, les jeunes nous
parlent du monde » où un père témoigne du départ de son fils pour la
Syrie, et de l’annonce de la mort de ce dernier. Le message touchant
et honnête du père est renforcé par une mise en scène sobre qui évite
les effets de style.
Travailler avec des jeunes sur des projets de vidéo, comme en témoigne
la capsule visionnée, peut être une solution de prévention face au
radicalisme susmentionné. La démarche, il est vrai, se place dans le «
message montré » (interview, aspect « brut » de l’image et du son) et
non pas dans le « message artificiellement construit ». Or, cette
démarche, pour utile qu’elle soit dans le travail avec les jeunes qui
participent à la réalisation du film, est limitée dans son efficacité
en tant que film de prévention au sens large. En effet, sur les
plateformes multimédia, la consommation de contenus cinématographiques
techniquement très construits prime sur celle de films plus sobres.
Pour paraphraser le propos : les films de Michael Bay restent plus
visionnés que ceux des frères Dardenne, et ce compris en Belgique.
L’utilité du documentaire réalisé par les jeunes existe dans la
relation (des jeunes avec les animateurs, ou des jeunes d’un public
face aux animateurs qui projettent le film). A l’inverse, ce
documentaire paraît bien moins efficace face à un public lointain (via
internet par exemple, où le flux médiatique existe en dehors de la
relation interpersonnelle).
5. Reportage : grille réductrice et approche clinique
Le groupe de travail a ensuite visionné un reportage de la RTBF qui
reprenait en les commentant des images et vidéos trouvés sur le gsm
d’un jeune bruxellois parti faire le jihad en Syrie. Le reportage
place rapidement une grille de lecture assez fermée (« le jeune agit
comme un monstre », « ses agissements ne respectent pas sa religion »,
« il pose des actes barbares », etc.) et commente tout le long les
actions montrées dans la vidéo. Dans son souci de dramatisation (qui
comporte néanmoins quelques retenues déontologiques), le journaliste
tente de diriger l’interprétation du spectateur. On retrouve ici la
notion de construction totalitaire développée plus haut.
Une analyse plus clinique des faits présentés dans le reportage
permettrait pourtant une interprétation nettement plus compréhensive
de ces mêmes faits. Ainsi, les touches d’humour posées par le jeune
qui filme et par ses compagnons de voyage (ils se définissent
eux-mêmes comme touristes du terrorisme) sont moins des marques de
monstruosité que des systèmes mis en place pour supporter l’horreur à
laquelle ils participent. Notons en effet que l’humour est salvateur
en période difficile, et permet à chacun de continuer à agir. Il ne
s’agit pas de la « marque d’un monstre », mais d’une réaction d’un
individu (qui peut être choquante, là n’est pas la question) dans une
situation monstrueuse.
6. Critique des médias et désenchantement du monde
Notre groupe a ensuite débattu de l’attitude à tenir (en tant
qu’individu et face à notre public jeune) vis-à-vis ce genre de
reportages. A nouveau, le fait de construire avec les jeunes un ou
plusieurs reportages, sans enfermer le message dans une grille de
lecture prédéfinie, permet de produire une prévention efficace auprès
de ces mêmes jeunes. Néanmoins, dénigrer le système médiatique actuel
(RTBF, RTL, Le Soir, etc.) est également très dangereux. Bien que ces
médias soient critiquables (clientélisme, tendance à l’infotainement -
contraction entre information et entertainement - manque de rigueur
quant aux sources, … ) ils n’en restent pas moins des médias qui
contiennent une part de vérité. Critiquer ces médias sans contrepartie
risque de faire verser les jeunes dans un désenchantement du monde,
c’est-à-dire une perte de sens et de valeurs d’attache. Le cynisme qui
en découle (« notre société est pourrie, les médias nous mentent,
l’argent corrompt les pouvoirs, et tous tentent de nous manipuler »)
peut amener à prêter foi aux théories du complot et au radicalisme. En
effet, la religion est en soi une façon de mettre du sens, et donc une
force de (ré)enchantement du monde, face à la déliquescence des
valeurs et du lien social. Poser les jeunes dans un état d’esprit de
critique cynique totale face aux médias prépare en quelque sorte le
terrain au radicalisme, qui se positionne clairement dans le
réenchantement du monde (existence d’une finalité à la vie et à la
mort, existence d’entités supérieures qui jugent les comportement et
récompensent nos actes). Notons que nombre de sectes et de
radicalismes entretiennent les théories du complot, et fustigent le
système médiatique comme étant l’outil des puissants de ce monde, dans
des fins de domination du peuple.
La critique des médias qui doit être enseignée aux jeunes est un
apprentissage à l’analyse, et non pas un rejet absolu. Il s’agit par
exemple de savoir séparer le fait, qui est avéré, du commentaire, qui
engage un commentateur ou un média. Expliquer à un jeune que la
télévision est un outil de domination (point de vue défendable, en
soi, et qui a été énoncé pendant le débat), pose problème car il amène
à une décrédibilisation du système médiatique dans son ensemble. Or,
les médias sont en soi un outil d’acculturation, et favorisent le
partage et le vivre ensemble, au delà de leur (in)exactitude. Ce n’est
pas pour rien que le radicalisme islamiste actuel déconseille de
suivre les informations du « monde occidental ». Ainsi, la critique
des médias ne doit pas viser une séparation, mais une prise de recul
temporaire face au « bain médiatique ».
2. Pistes de travail
En tant qu’animateur de jeunes
*
Faire attention à ne pas s’enfermer dans un désenchantement du
monde
*
Développer des méthodes adaptées pour travailler la question des
médias avec les jeunes.
*
S’informer sur les particularités des religions
*
Se former
*
Développer des ateliers d’éducation aux médias pour favoriser
l’esprit critique et armer les jeunes face à l’abondance de
sources et d’informations
*
Rester ouvert à toutes les propositions des jeunes sur les sujets
à traiter (même s’ils sont chauds…) et les accompagner dans leur
questionnement et recherche d’infos
*
Eviter de cliver les jeunes – Ex : « je suis Charlie » OU « je ne
suis pas Charlie »
*
Ne pas dévaloriser le journalisme
En tant qu’association de jeunes (OJ, MJ, CIJ, AMO…)
*
Former son équipe
*
Mettre sur pied des projets d’expression des jeunes à travers les
médias
*
Faire participer les jeunes à des animations de critique des
médias
*
Faire participer les jeunes à la réalisation de vidéo
*
Alimenter les médias avec des productions des jeunes
*
Faire le journal des bonnes nouvelles
Au niveau de la société
*
Que les espaces médiatiques soient des lieux de pouvoir citoyen !
*
Que les médias entretiennent le débat avec toutes les couches de
population pour éviter le scepticisme et le rejet de
l’information.
*
Que les CJ, OJ, AMO… puissent faire du reportage, documentaire,
recueil de témoignages et les DIFFUSER sur les télés
communautaires et la RTBF.
*
Renforcer le Conseil Supérieur de l’Education aux Médias (CSEM),
pour que celui-ci puisse développer des actions avec et dans les
centres de Jeunes.
*
Réformer l’enseignement et lui donner du budget pour qu’il fasse
de l’éducation aux médias et mette en place des synergies avec les
associations de jeunes.

  • ANEXO I LOGOTIPOS Y CARACTERÍSTICAS TABLA DE MEDIDAS CHAQUETA
  • CLASSIFICATION DE LA TENSION ARTÉRIELLE ADULTE DE 18 ANS
  • DEPARTMENT OF RESEARCH INSTITUTIONAL REVIEW BOARD EVALUATING SIGNIFICANT RISK
  • BUS 1020 BUSINESS CAREER EXPLORATION 1 CREDIT AUGUST 2008
  • NZQA UNIT STANDARD 3290 VERSION 6 PAGE 4 OF
  • 21 IX JORNADAS DE JÓVENES INVESTIGADORES INSTITUTO DE INVESTIGACIONES
  • UCHWAŁY SENATU AGH Z DNIA 6 KWIETNIA 2005 R
  • ¿ADAPTARNOS AL CAPITALISMO O “EDUCAR Y LUCHAR POR LA
  • Comments of the United States of America on the
  • TRIBUNAL SUPREMO SALA TERCERA DE LO CONTENCIOSOADMINISTRATIVO SECCIÓN 6ª
  • CODEBARRES DE L’HÔPITAL POUR L’ARCHIVAGE ELECTRONIQUE DU DOCUMENT EEEEELÉLECTRONIQUE
  • PORQUÉ UN CONCIERTO DE HIPHOP CONTRA LA LEY PENAL
  • 3464 VERSION 5 PAGE 3 OF 3 DESCRIBE HUMAN
  • POR MUCHAS RAZONES MORDER COSAS ES ALGO MUY COMÚN
  • Fragmenty Tekstu Książki Janusza Korczaka „ Bankructwo Małego Dżeka”
  • FENASVPE UEP C SAN NICOLÁS 112ª SECRETARÍA GENERAL 28013MADRID
  • 4 SECTION VIII PLAN GENERAL PROVISIONS
  • CSCI4250 EXAM 1 SOLUTION QUESTION 1 (4 POINTS) CONSIDER
  • CIRCULAR Nº 012013 EN PALMA DE MALLORCA A
  • PARAIŠKŲ ATEITININKŲ FONDO PARAMAI GAUTI TEIKIMO IR NAGRINĖJIMO TAISYKLĖS
  • SYLLABUS I NASTAVNI PLAN PREDMETA NA PREDDIPLOMSKOM I
  • 79 CAPÍTULO 3 3 SISTEMAS DISTRIBUIDORES Y RECOLECTORES DE
  • CONFIGURACIÓN NNODOS N NODOS NODOS NODO |
  • MY TEST RESULTS TEST DETAILS NAME OF TEST (CT
  • CAMPAÑA INTERNACIONAL PARA LA LIBERACIÓN DE AMINATOU HAIDAR SIMBOLO
  • UGOTAVLJANJE DAVČNE OSNOVE Z UPOŠTEVANJEM NORMIRANIH ODHODKOV POMENI POENOSTAVLJEN
  • REGULATORY AFFAIRS DIRECTORATE APPLICATION FORM FOR THE NOTIFICATION OF
  • Bioe 11601161 Senior Design 20042005 Initial Hazard Analysis –
  • AFFIDAVIT CONTINUOUS MARRIAGE HUSBAND AND WIFE BEFORE
  • POR LA CUAL SE ADOPTAN DECISIONES EN MATERIA DE