correspondance i ================ cher inconnu, je me suis enfin décidée à t’écrire dans l’espoir qu’un jour tu puisses dévorer mes
Correspondance I
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Cher Inconnu,
Je me suis enfin décidée à t’écrire dans l’espoir qu’un jour tu
puisses dévorer mes lettres. Parviendront-elles jusqu’à toi ?
Peut-être pas. Peut-être jamais. Mais, je désires le croire. Depuis
quelques jours, je me suis mis à songer à toi, inconnu, dans mes
promenades nocturnes. Tu es chaque fois différent mais je sais que je
t’aime. Ce jour, je n’ai pensé qu’à toi, à ce que nous pourrions faire
ensemble.
Mais l’Amour se détourne chaque jour de moi. Je me sens si isolée de
toi, du monde, de nous. Je ne veux pas éprouver le désespoir : ne
jamais être aimée, ne jamais te rencontrer.
Oh, tendre amour, inconnu, tu es si loin de mon coeur. Je le sens.
Comme j’ai besoin de t’écrire, de poser tous ces mots qui me font
souffrir. Ils expriment les profondeurs de mon âme.
Si, je savais qui tu es, ce que tu aimes, ce que tu détestes. Si, je
savais…
Un jour, je respire l'effluve de ta peau. Un parfum enivrant de
caresses. D’autres jours, je peux sentir ton souffle délicat efflorer
ma peau. Je te respire sans cesse… à l’agonie. Je ne veux être que
toi, pour n’être plus. Je me consume d’ivresse. Et lorsque tu
t’exprimes, se sont des notes de musique qui jaillissent de tes lèvres
rosées. De petites notes volubiles, presque tactiles. Elles titillent
mes oreilles, je ris aux éclat. Que fais-tu de moi ? Je ne suis
personne, je suis toi. De temps à autre, je me fuis à travers ton
regard, cette porte entrouverte et milles joies. Tu es fait de
passion, un fruit doux et sucré. Le fruit que je suis. Croque-moi !
Croque-moi ! Car ma quintessence est délectable. Sens-tu sur le bout
de tes lèvres ce suave nectar ?
Oh, que l’attente est tenace. Un poison mortel. Sans cesse, chaque
jour, chaque heure, chaque seconde, j’en suis le souffre-douleur. Te
trouverais-je avant qu’il ne soit trop tard, avant que la mort ne
vienne me quérir ? Serais-je encore là ? Ne me laisse pas sombrer.
Possède-moi ! Fasse que je ne devienne pas martyre.
Cher inconnu, dis-moi que tu sais que j’existe. Je n’ai pas de doutes
en ce qui te concerne. De l’espoir, de la confiance et toujours…
Quelle est cette douce complainte que j’entends ? Serais-ce les
martèlements frivoles de ton ardeur ?
Il est si pénible de t’écrire. Mon cœur m’inflige trop de torture, et
je crains ses sombres humeurs. Il palpite trop vite.
Peut-être à bientôt…
Une âme possédée d’Amour